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La littérature et le Sahara
Jean-Marie LE MOING- Messages : 1108
Date d'inscription : 29/08/2009
Age : 78
Localisation : Genets 50530
- Message n°1
La littérature et le Sahara
Alain CHUETTE- Messages : 618
Date d'inscription : 18/08/2009
Age : 79
Localisation : Petit Couronne 76650 Seine Maritime
- Message n°2
Re: La littérature et le Sahara
Bonjour à tous;
Le Sahara dans la littérature de l’ère coloniale
Rachel Bouvet, Université du Québec, Montréal
L'imaginaire du désert connaît à l'époque coloniale un développement sans précédent dans le domaine artistique, notamment en littérature. Espace de l'altérité par excellence, à la fois propice à la révélation et à la méditation, comme le veut la tradition biblique, il s'avère être aussi l'espace de la rupture avec l'Occident et de la découverte de l'autre, -le nomade-, un espace des limites, corporelles et mentales, souvent associé au vide, au néant et à la mort, figure de l'altérité ultime.
La description des vastes étendues, des oasis, des caravanes, passe souvent par le filtre culturel que constitue le désert biblique, avec ses figures de prophètes et d'anachorètes foulant les sables, un désert mythique qui va s'enrichir peu à peu d'une dimension concrète, géographique.
Dans les récits de Charles de Foucauld, d'André Gide (Les nourritures terrestres, El Hadj ou le traité du faux prophète), d'Ernest Psichari (Les voix qui crient dans le désert, Le voyage du Centurion), de Théodore Monod (Méharées), l'appel du désert retentit, tel un écho à la parole divine, et invite à la méditation, à la quête du sens, de la révélation.
Le désert devient un paysage marquant de la littérature à partir du moment où l'interaction avec cet environnement hostile, morne, résistant à toute tentative de représentation en raison de son caractère immense, donne lieu à des descriptions détaillées. Sa lumière éblouit, aveugle les voyageurs, au point de transformer le regard, celui d'Eugène Fromentin en particulier (Un été dans le Sahara) ; ses couleurs changeantes et ses formes géographiques variées s'imposent dans l'écriture d'Isabelle Eberhardt au point d'imprégner toute son œuvre, marquée par une fascination sans bornes pour les vastes étendues et le mode de vie nomade.
Odette du Puigaudeau (Tagant. Au coeur du pays Maure 1936-1938, Pieds nus à travers la Mauritanie 1933-1934), expérimentant comme elle l'altérité à travers la rencontre des communautés nomades, fera de cette découverte de l'autre la base de ses récits. Tous s'accordent pour dire que le dépaysement est tellement grand qu'il menace parfois l'équilibre psychologique, que l'adaptation à ce nouvel espace occasionne des transformations corporelles et mentales considérables.
C'est bien ce que relatent les récits de Saint-Exupéry (Terre des hommes, Le petit prince), où ce lieu à part, magnifié, est en même temps la terre des mirages, de la souffrance, du désespoir. L'appréhension du vide conduit l'être humain à s'interroger sur l'existence, sur le sens de la vie.
Dans la lignée des aventuriers, des hommes partis à la conquête de l'espace se profilent aussi d'autres figures, celles du militaire, du méhariste ou de l'explorateur, qui émaillent les romans et les récits de Pierre Benoît (L'Atlantide), de Joseph Peyré (L'escadron blanc), de Roger Frison Roche (L'Appel du Hoggar, La piste oubliée, La montagne aux écritures, Le rendez-vous d'Essendilène).
Le Sahara joue un rôle prépondérant dans l'imaginaire du désert : considéré comme l'un des plus grands déserts du monde, sa population ne cesse de diminuer alors qu'il attire de plus en plus de voyageurs et de touristes en provenance de tous les horizons.
Pour bien comprendre comment se construit l'imaginaire du désert à l'ère coloniale, il importe d'étudier en parallèle les autres déserts, notamment le Sinaï (Pierre Loti, Le désert), le désert arabique, surtout représenté dans les littératures anglaise et américaine (Les sept piliers de la sagesse de Lawrence d'Arabie, Arabia Déserta, de Charles Doughty, Le désert des déserts de Wilfred Thesiger). Après être devenu une métaphore du néant (Paul Bowles, Un été au Sahara), le paysage désertique disparaît momentanément de la scène littéraire à l'époque de la décolonisation.
Il faudra attendre les années 70-80 pour que les images du désert reviennent en force, porteuses cette fois de nouveaux enjeux - la relecture de l'histoire, la réflexion sur le nomadisme et l'errance - et faisant entendre de nouvelles voix, issues de différentes régions de la francophonie : Albert Memmi (Le désert ou la vie et les aventures de Jubaïr Ouali El-Mammi), J.M.G. Le Clézio (Désert), Tahar Ben Jelloun (La prière de l'absent), Louis Gardel (Fort-Saganne), Andrée Chédid (Les marches de sable), Mouloud Mammeri (La traversée), Mohammed Dib (Le désert sans détour), Malika Mokeddem (Le siècle des sauterelles, Les hommes qui marchent).
Amicalement,
Alain.
S o c i é t é I n t e r n a t i o n a l e d’ E t u d e
d e s L i t t é r a t u r e s
d e l ' E r e C o l o n i a l e
d e s L i t t é r a t u r e s
d e l ' E r e C o l o n i a l e
Le Sahara dans la littérature de l’ère coloniale
Rachel Bouvet, Université du Québec, Montréal
L'imaginaire du désert connaît à l'époque coloniale un développement sans précédent dans le domaine artistique, notamment en littérature. Espace de l'altérité par excellence, à la fois propice à la révélation et à la méditation, comme le veut la tradition biblique, il s'avère être aussi l'espace de la rupture avec l'Occident et de la découverte de l'autre, -le nomade-, un espace des limites, corporelles et mentales, souvent associé au vide, au néant et à la mort, figure de l'altérité ultime.
La description des vastes étendues, des oasis, des caravanes, passe souvent par le filtre culturel que constitue le désert biblique, avec ses figures de prophètes et d'anachorètes foulant les sables, un désert mythique qui va s'enrichir peu à peu d'une dimension concrète, géographique.
Dans les récits de Charles de Foucauld, d'André Gide (Les nourritures terrestres, El Hadj ou le traité du faux prophète), d'Ernest Psichari (Les voix qui crient dans le désert, Le voyage du Centurion), de Théodore Monod (Méharées), l'appel du désert retentit, tel un écho à la parole divine, et invite à la méditation, à la quête du sens, de la révélation.
Le désert devient un paysage marquant de la littérature à partir du moment où l'interaction avec cet environnement hostile, morne, résistant à toute tentative de représentation en raison de son caractère immense, donne lieu à des descriptions détaillées. Sa lumière éblouit, aveugle les voyageurs, au point de transformer le regard, celui d'Eugène Fromentin en particulier (Un été dans le Sahara) ; ses couleurs changeantes et ses formes géographiques variées s'imposent dans l'écriture d'Isabelle Eberhardt au point d'imprégner toute son œuvre, marquée par une fascination sans bornes pour les vastes étendues et le mode de vie nomade.
Odette du Puigaudeau (Tagant. Au coeur du pays Maure 1936-1938, Pieds nus à travers la Mauritanie 1933-1934), expérimentant comme elle l'altérité à travers la rencontre des communautés nomades, fera de cette découverte de l'autre la base de ses récits. Tous s'accordent pour dire que le dépaysement est tellement grand qu'il menace parfois l'équilibre psychologique, que l'adaptation à ce nouvel espace occasionne des transformations corporelles et mentales considérables.
C'est bien ce que relatent les récits de Saint-Exupéry (Terre des hommes, Le petit prince), où ce lieu à part, magnifié, est en même temps la terre des mirages, de la souffrance, du désespoir. L'appréhension du vide conduit l'être humain à s'interroger sur l'existence, sur le sens de la vie.
Dans la lignée des aventuriers, des hommes partis à la conquête de l'espace se profilent aussi d'autres figures, celles du militaire, du méhariste ou de l'explorateur, qui émaillent les romans et les récits de Pierre Benoît (L'Atlantide), de Joseph Peyré (L'escadron blanc), de Roger Frison Roche (L'Appel du Hoggar, La piste oubliée, La montagne aux écritures, Le rendez-vous d'Essendilène).
Le Sahara joue un rôle prépondérant dans l'imaginaire du désert : considéré comme l'un des plus grands déserts du monde, sa population ne cesse de diminuer alors qu'il attire de plus en plus de voyageurs et de touristes en provenance de tous les horizons.
Pour bien comprendre comment se construit l'imaginaire du désert à l'ère coloniale, il importe d'étudier en parallèle les autres déserts, notamment le Sinaï (Pierre Loti, Le désert), le désert arabique, surtout représenté dans les littératures anglaise et américaine (Les sept piliers de la sagesse de Lawrence d'Arabie, Arabia Déserta, de Charles Doughty, Le désert des déserts de Wilfred Thesiger). Après être devenu une métaphore du néant (Paul Bowles, Un été au Sahara), le paysage désertique disparaît momentanément de la scène littéraire à l'époque de la décolonisation.
Il faudra attendre les années 70-80 pour que les images du désert reviennent en force, porteuses cette fois de nouveaux enjeux - la relecture de l'histoire, la réflexion sur le nomadisme et l'errance - et faisant entendre de nouvelles voix, issues de différentes régions de la francophonie : Albert Memmi (Le désert ou la vie et les aventures de Jubaïr Ouali El-Mammi), J.M.G. Le Clézio (Désert), Tahar Ben Jelloun (La prière de l'absent), Louis Gardel (Fort-Saganne), Andrée Chédid (Les marches de sable), Mouloud Mammeri (La traversée), Mohammed Dib (Le désert sans détour), Malika Mokeddem (Le siècle des sauterelles, Les hommes qui marchent).
Amicalement,
Alain.
Jean-Marie LE MOING- Messages : 1108
Date d'inscription : 29/08/2009
Age : 78
Localisation : Genets 50530
- Message n°3
Re: La littérature et le Sahara
Jean-Marie LE MOING- Messages : 1108
Date d'inscription : 29/08/2009
Age : 78
Localisation : Genets 50530
- Message n°4
Re: La littérature et le Sahara
Jean-Marie LE MOING- Messages : 1108
Date d'inscription : 29/08/2009
Age : 78
Localisation : Genets 50530
- Message n°5
Re: La littérature et le Sahara
Bonjour à tous
Sahara, mon amour
de Maïssa Bey
Résumé du livre
Poésie, images, vertige des mots et des sens, fusion des êtres et des éléments, 'Sahara, mon amour' est une superbe déclaration de deux femmes à l'une de leurs puissantes certitudes, ce désert qui bruisse de vie et qui, sans cesse, change au gré de sa minérale éternité.
Amicalement
Jean Marie
Sahara, mon amour
de Maïssa Bey
Résumé du livre
Poésie, images, vertige des mots et des sens, fusion des êtres et des éléments, 'Sahara, mon amour' est une superbe déclaration de deux femmes à l'une de leurs puissantes certitudes, ce désert qui bruisse de vie et qui, sans cesse, change au gré de sa minérale éternité.
Amicalement
Jean Marie
Jean-Marie LE MOING- Messages : 1108
Date d'inscription : 29/08/2009
Age : 78
Localisation : Genets 50530
- Message n°6
Re: La littérature et le Sahara
Bonjour à Tous,
Les Touaregs et le Sahara
Réalisation des animations: Danielle Rivière et Michel Verbeek
Textes et sélection des médias: Danielle Rivière
Développements multimédia des animations: Tony de Vuyst et Albert Dechambre
Infographie pour la brochure: Alain Degehet
Réalisation du site: Albert Dechambre, Ricardo Dolorès et Tony de Vuyst
Photos: Danielle Rivière et Albert Dechambre
Remerciements pour leur aide et leurs conseils à Brigitte Renard, Etienne Bours, aux associations Croq'Nature et Amitié Franco Touareg.
Amicalement
Jean Marie
Les Touaregs et le Sahara
Réalisation des animations: Danielle Rivière et Michel Verbeek
Textes et sélection des médias: Danielle Rivière
Développements multimédia des animations: Tony de Vuyst et Albert Dechambre
Infographie pour la brochure: Alain Degehet
Réalisation du site: Albert Dechambre, Ricardo Dolorès et Tony de Vuyst
Photos: Danielle Rivière et Albert Dechambre
Remerciements pour leur aide et leurs conseils à Brigitte Renard, Etienne Bours, aux associations Croq'Nature et Amitié Franco Touareg.
Amicalement
Jean Marie
Alain BROCHARD- Messages : 366
Date d'inscription : 16/08/2009
Age : 81
Localisation : Le Verdon sur Mer 33123 (Gironde)
- Message n°7
Ecrits du désert
Bonsoir à tous
Une invitation à lire....
Pour qui veut connaître les Touaregs, l'aventure commence à Tamanrasset. Ils campent, en effet, assez loin de là, selon les saisons, et il faut aller les trouver à dos de chameau, dans le secret de leurs montagnes.
Depuis hier c'est une chance! Akbamouk, l'amenokhal du Hoggar, est arrivé pour faire ses adieux au capitaine,et, demain,il m'emmènera avec lui dans ses campements, à quelques deux cents kilomètres vers l'Ouest. Il est accompagné de sa suite qui se compose d'un interprète arabe,de quelques esclaves noirs et de son gendre, Marly-ag-Amayas, le fils du guépard, un prince Targui qui parle un peu le français et que j'ai invité tout à l'heure à prendre le café au bordj hôtel.
Il est venu, très grand, très digne d'allure sous sa gandourah de fête aux couleurs vives recouverte de ces longues draperies de cotonnade indigo et du burnous que portent ses pareils. Je ne verrai rien de son visage- qu'un regard coulé entre les deux bandes de son voile noir, comme un rayon de soleil entre des volets clos. Mais tandis qu'il répond à mes questions et qu'il s'assied à l'européenne sur une chaise, j'admire l'aisance et la faculté d'adaptation de ce primitif, peu habitué aux salons, l'harmonie de ses gestes et la façon discrète dont il détourne la tête quand il soulève le pan inférieur de son "litham" pour porter à ses lèvres sa tasse de café........
Ainsi s'exprime Marie-Louise Lédé dans son livre "SEULE AVEC LES TOUAREGS" parut en 1954 aux Editions André BONNE à Paris.
Une invitation à lire....
Pour qui veut connaître les Touaregs, l'aventure commence à Tamanrasset. Ils campent, en effet, assez loin de là, selon les saisons, et il faut aller les trouver à dos de chameau, dans le secret de leurs montagnes.
Depuis hier c'est une chance! Akbamouk, l'amenokhal du Hoggar, est arrivé pour faire ses adieux au capitaine,et, demain,il m'emmènera avec lui dans ses campements, à quelques deux cents kilomètres vers l'Ouest. Il est accompagné de sa suite qui se compose d'un interprète arabe,de quelques esclaves noirs et de son gendre, Marly-ag-Amayas, le fils du guépard, un prince Targui qui parle un peu le français et que j'ai invité tout à l'heure à prendre le café au bordj hôtel.
Il est venu, très grand, très digne d'allure sous sa gandourah de fête aux couleurs vives recouverte de ces longues draperies de cotonnade indigo et du burnous que portent ses pareils. Je ne verrai rien de son visage- qu'un regard coulé entre les deux bandes de son voile noir, comme un rayon de soleil entre des volets clos. Mais tandis qu'il répond à mes questions et qu'il s'assied à l'européenne sur une chaise, j'admire l'aisance et la faculté d'adaptation de ce primitif, peu habitué aux salons, l'harmonie de ses gestes et la façon discrète dont il détourne la tête quand il soulève le pan inférieur de son "litham" pour porter à ses lèvres sa tasse de café........
Ainsi s'exprime Marie-Louise Lédé dans son livre "SEULE AVEC LES TOUAREGS" parut en 1954 aux Editions André BONNE à Paris.